Notre ami Daniel Moreux, ancien du C.S. Nuits, profite de la Coupe du Monde pour parcourir la Nouvelle Zélande et nous fait partager ses impressions.
28/09 : Bonjour, et un petit coucou de New Zealand
Pour aller si loin, il faut avoir une passion : Le RUGBY, et aimer voyager.
La Nouvelle Zelande est un pays magnifique constitué de 2 grandes îles. Aukland est dans l'île du nord, et son stade emblématique s'appelle l'Eden Park. Avec 17000 français, l'ambiance était très bon enfant, et compte tenu du résultat, il n'y avait rien à craindre.
Sur les 60000 spectateurs, au rang J place 9 (moi je suis au rang K place 9), je rencontre Fabrice CARTEAU (2 générations du CSN).
Cette région Nord est essentiellement agricole : bovins par milliers et immenses forêts de sapins. On s'imaginerait dans le haut Doubs. Les montagnes sont d'anciens volcans, et certains avec de la neige.
Dimanche fut une journée de pluie, mais depuis, le soleil brille, la température est douce pour ces premiers jours de printemps.
La langue usuellement parlée en ce moment est le FRANCAIS. Il y en a partout ; en bus Evénement, en camping car et en voiture. J'en ai rencontré aussi qui se déplaçaient en avion. Et que dire de ces 2 français venus pour le week-end pour le match d'Auckland...
01/10 : Après la mine, je me dirige vers ROTORUA, plateau central de l'île, ville géo-thermale, reconnaissable par ses odeurs de soufre. Il y a des fumerolles tout autour de la ville, et le site à visiter est celui de Wai-O-Tapu. La visite commence par le geyser (10h15 précise, le Maori met le savon), ensuite bain de soufre (mais je n'ai pas perdu de poids), et pour finir le circuit, la mare au diable (bain jaune d'arsenic). Je descends toujours plus au sud vers Taupo, chute de Huka Falls (40 M3 par seconde) et repos bien mérité dans la roulote.
Le lendemain, marche de 5 heures dans le parc national de Tongariro, pour atteindre le lac de Tama. Et le village de Whakapapa, entrée du domaine skiable. Il y a encore de quoi skier aujourd'hui.
Dodo à River Valley dans un site magnifique qu'il faut atteindre en 45 minutes par la seule route de montagne. Domaine des moutons, et des agneaux qui viennent de naître au sortir de l'hiver. Direction Taihape, rencontre avec les papas des années 90, et route vers Palmerston North, où je fais un entretien avec le capitaine de l'équipe de Géorgie, N° 9 d'Auxerre et appelé Abou. (Pour celui ou celle qui aime le rugby, lire l'autre feuillet).
Ce soir, c'est le Tonga à Wellington, et j'espère faire la fête après le match, 18h30 pour moi.
L’ambiance à Wellington était tout autre que celle d’Auckland où nous jouions les Blacks chez eux, moins de manifestations de rues, peut être que les Néo Z se réservaient pour le dimanche…
Sur le quai du port de Wellington, par contre, c’était l’exubérance tongienne très haute en couleur rouge mais il y avait aussi beaucoup de français. Il a fallu 15 minutes pour arriver au stade depuis le centre ville.
Le Stadium est parfaitement circulaire, et c’est depuis l’en-but que l’on approche le plus les joueurs. Pour la première mi-temps, nous étions (les français) vers l’en-but du Tonga. C’était, normalement, le bon choix, mais c’était sans compter avec les tongiens. L’entrée aux vestiaires des français fut accompagnée d’une bronca digne d’un match de Raymond en AF Sud.
Le Stadium n’ayant pas fait le plein, à la reprise, nous avons changé d’en-but, croyant faire maintenant le bon choix. Nous étions avec les tongiens, et bonjour l’ambiance. Mon épouse qui ne connaît pas tout du rugby m’a demandé pourquoi j’avais changé de côté, et surtout, pourquoi, les rouges étaient plus forts ? Parce que !
A la fin du match, il a fallu sympathiser avec l’ennemi, montrant que l’on était bon joueur. Un verre de bière au pub devant le match Angleterre-Ecosse (et pour qui étaient les N Z ? Là nous avons un point commun…), et retour à l’hôtel. Dimanche matin, reprise de la transhumance vers le port pour l’embarquement vers Picton, l’île du Sud, par le ferry. Accueil chaleureux des maoris avec les chants traditionnels. Quelles voix à 7h30 du matin ! Il a fallu 3 heures pour la traversée, et chaque français y allait de sa petite note sur le match. Une chose était sûre, nous avions tous vu le même match.
Dès le débarquement, chaque français a repris son véhicule, et s’est dirigé le plus rapidement possible vers le Sud. Il était 12 heures. Après une heure de route derrière les camping cars, nous nous sommes arrêtés à HAVELOC chez Mussels Pot, le restaurant renommé pour ses moules. Les premiers arrivés ont été les premiers servis mais les aubergistes étaient débordés et l’attente a été longue. Le restaurant a fait trois rotations, il n’y avait que des français dans ce lieu cité par tous les guides. C’est la ville mondiale de la moule, et quelle moule, énorme ! De plus par ce temps pluvieux (la première fois en 8 jours), cet arrêt valait vraiment la peine.
Il nous faut maintenant attendre les ¼ de finale, et c’est le moment de visiter cette île du Sud. Certains iront jusqu’à Invercargill, et Bluff (lieu de départ pour les expéditions antarctiques). Nous, nous allons à Queenstone en passant par Wanaka, célèbre par son vignoble afin de goûter si le vin est aussi bon que chez nous.
03/10 : Une semaine pour reprendre des forces après le coup du Tonga, qui n’était finalement pas une surprise. Dans l’île du Sud, visite de 6 jours avant de rejoindre Christchurch, et les ¼ de finale. Suite au séisme de février, qui a affecté la ville, nous avons opté de rester dans le sud, et de suivre les matchs sur écrans géants prévus pour 30000 personnes à Christchurch (la ville a mis à disposition un espace avec écrans pour compenser l’annulation des ¼ de finale ).
« Pire qu’une soupe du diable, et encore pire que cela »(sic un journal local), les néo-zélandais ont été très accablés par la blessure de Dan Carter. Et les néo-zélandaises étaient en larme à l’annonce de la nouvelle. Celui qui devait être le meilleur joueur de la Coupe du Monde chez lui, devra attendre 2015 en Angleterre.
L’autre actualité, c’est l’hospitalisation de Jonah Lomu à Auckland. C’est une autre terrible nouvelle pour ce grand champion de 35 ans, il est en attente d’un rein. Cette nouvelle ternit pour les Blacks la coupe du monde.
Les affaires de Dunedin avec les 3 joueurs anglais et Anabal sont aussi dans les journaux ; ce sera un plus pour nous.
L’actualité néo-zélandaise tourne autour du poulet ; elle met l’équipe de France en dérision. Le coq, comme couvre chef avant le match à 18 heures samedi et le poulet rôti dans l’assiette pour le repas de 21 heures.
Les français rencontrés durant cette transhumance restent très confiants sur l’issue du match de samedi. S’il ne faut en gagner qu’un, ce sera celui-la, et nos amis néo-Z pensent comme nous. « Toucher le British, et le mettre dans l’avion dès le mardi pour Londres », doit être la devise de l’équipe. Ils nous doivent bien cela. Nous n’avons pas fait 16 376 kms pour ne pas voir au moins une victoire de la France !
04/10 : Salut les amis,
C’est parti pour l’île du Sud par le ferry. Autre île, autre temps ; c’est la pluie qui nous accompagne pendant 2 jours pleins. C’est pour nous, le temps de la récupération, et nous peaufinons notre nouvelle stratégie pour vous donner des nouvelles. Après Matuéka, et ses arbres fruitiers, nous retrouvons l’élevage et l’exploitation forestière à très grande échelle. Malheureusement, sous la pluie et la brume, nous n’apprécions pas le paysage à sa juste valeur. Les rivières sortent de leurs lits.
Après 3 heures de route, sans aucune circulation, nous arrivons à Cape Foulwind. Une marche de 45 minutes nous conduit à la rencontre des otaries à fourrure sur les rochers. Il est 14 heures, pour eux, c’est l’heure de la sieste sous le soleil revenu. C’est un régal de contempler ces animaux au farniente. Ce sont des joueurs, petits et grands. Nous continuons en longeant la côte jusqu’à Punakaiki. Il nous est indiqué : « Pas de fuel sur 90 kms ». C’est la lande.
Arrivés à Punakaiki, nous découvrons les millefeuilles de Pancake Rocks. Ce sont des couches de calcaire empilées comme des crêpes qui ont été érodées et qui ont fini par former ces Pancake Rocks. Très impressionnant, et pour nous « du jamais vu ».
07/10 :
La route vers le Sud passe par HOKITIKA, sur la côte ouest de l’île. Les dames voudront s’y arrêter quelques instants avec la carte Visa : c’est la ville du Jade. Passé cette ville, il n’y a plus que de l’élevage de bovins (troupeaux de plus de 300 têtes) sur plus de 100 km, et le premier village sur la route est Franz Joseph Glacier. Ce glacier pénètre dans la forêt, et descend presque jusqu’à la mer (13 km). L’approche est très facile, et il fallait poser le pied sur ce célèbre glacier.(photo)
Les news de la Coupe avant samedi.
Après avoir appris la catastrophe de la semaine dernière avec Dan Carter, et étant sur place, je suis allé chercher mon nouveau maillot au cas où il faudrait suppléer au pied levé Colin Slade, que l’on a trouvé fébrile dimanche contre le Canada. Il m’a fallu trouver un terrain de rugby pour faire les derniers réglages. Pas difficile, à la sortie de chaque village, il y en a un (photo). Il m’a fallu chasser les moutons avant de commencer à taper la balle. Sur la photo, vous pourrez constater deux choses : soit, les bains de boue de Rotorua ont porté leurs effets (photo), soit le maillot est trop grand… J’ai pris la même taille que celui du début avec l’équipe de France : taille XL. Le vendeur nous a fait remarquer que les tailles sont différentes. « Pour un XL en France, ici il faut prendre du M. Les Néo Zélandais sont plus puissants et plus forts ». Ce n’était pas la peine de nous le dire, nous l’avions constaté sur le terrain ! C’est aussi pour cela que sur le pont était indiqué : 6 personnes ou 1000 KG (photo).
Quelle tactique devra développer l’équipe de France contre l’Angleterre ? La tactique qui consiste à cacher son jeu et à montrer ses propres faiblesses ne pourra plus être appliquée ce samedi. Les joueurs ont appris que c’était un match « couperet ». S’ils perdent, nous rentrons ensemble mardi. Ou bien, et c’est la bonne tactique qui a été appliquée, ils gagnent, et nous rentrons seuls à Paris.
Avec la descente vers le sud, nous croisons beaucoup d’irlandais qui remontent pour samedi en direction de Wellington. C’est le chassé croisé sur « la route 6 », seule route qui descend du Nord au Sud, et qui est déserte (comme l’île en fait ; si on retire les 5 villes, il reste 1 500 000 habitants à répartir sur une surface égale à la moitié de la France).
Depuis Fox Glacier, et après 3 heures de route sans rencontrer âme qui vive, nous passons à Makaroa (restaurant, bar, station service, soit 4 habitants). Sur le bord droit, en contre bas dans un champ, un avion jaune attire notre attention. Je m’arrête sur le parking de gauche (comme en Angleterre), et rentre dans ce bar prendre un café . Pendant ce temps, Aleth rencontre le pilote, et entame une discussion. Elle vient vers moi, et me dit : » Si tu veux, on part dans 10 minutes pour survoler les Alpes, et on se pose à Milford Sound, un fjord difficile d’accès. Retour prévu dans 4 heures ». C’est OK, nous embarquons dans l’avion à 12 H 15. C’est féerique, 28 sommets de plus de 3000 mètres, 140 glaciers, et arrivée dans le fjord Milford Sound par la mer de Tasmanie, c’ est magnifique.
A Wanaka, nous dégustons du Sauvignon, du Riesling, du Gewurstraminer et du Pinot noir au Domaine Rippon. Lois Mills, qui vit à Arcenant (près de Nuits St Georges) 6 mois par an dans une maison à côté de notre fils Thibault. Elle a été la première femme viticultrice à cultiver du Pinot en New Zealand. Bon, mais très cher !
Ce samedi, nous arrivons à Twizel au pied du Mount Cook, 3764 mètres -pour vivre l’événement rugbystique de 20h30- Dès 17 h, nous trouvons le Pub. Pub du Middle Ouest, où les fermiers arrivent en Pickup et posent leurs bottes à l’entrée, marchent en chaussettes et restent couverts de leurs chapeaux dans le restaurant. La région est tellement déserte que le Larzac nous semble surpeuplé. Des troupeaux de 2000 moutons, et de 500 bovins peuplent cette région centrale : Otago. L’ambiance monte avec la victoire des gallois sur les irlandais. Notre voisine de table, née en Angleterre, marié à un irlandais ayant vécu au Pays de Galles maintenant installés tous les deux en nouvelle Zélande met l’ambiance. Elle ne sait pas encore ce qui l’attend. Les fermiers sont plutôt pour la France. Dès les hymnes, on voit que les français sont dedans. Un superbe match ! Un ancien joueur Néo Z qui à joué en Angleterre nous demande quels sont les joueurs qui ont été changés depuis le Tonga ? Le commentateur dit que les français sont imprévisibles, et qu’à chaque coupe du monde, ils font un coup ! Les anglais, à l’agonie en 1ère mi-temps reviennent avec d’autres intentions. Mais à ne pas vouloir prendre les pénalités, ils restent toujours derrière au score. Bref, la tactique des français à cacher leur jeu a marché. On ne saura jamais si la chambre « 28 06 » de Queenstown impliquant les joueurs anglais a encore frappé !
Le dimanche, nous partons à 9 heures voir le Mount Cook ; majestueux posé sur le lac Pukaki, il fait –2° ou – 3°, tout est gelé, magnifique !. Ensuite direction Christchurch, et nous regardons les matchs sur les écrans géants. Pour le 1er : Australie v South Africa , il y a de l’ambiance et il ne fait pas encore trop froid. Par contre, pour le 2ème après 22 heures, et avec le vent, il n’y a plus de match, à la mi-temps les All Blacks dominent … Le public, très jeune, ne sait même pas que l’Argentine joue au rugby.
Lundi , visite à Akaroa, où les premiers français se sont installés en 1840. La ville est restée très française, drapeau : bleu blanc rouge ; noms de commerces : Boucherie, Pot pourri, Station service ; rues : rue Jolie, rue Lavaud, très sympa !
Entretien avec Iraki Abuseridze dit Abu, prononcez Abou, Capitaine de l'Equipe de GEORGIE, le plus bourguignon des géorgiens, N° 9 du R.C. Auxerre.
Avant de partir en Nouvelle Zélande, Christian de l'Yonne Républicaine m'avait dit : « Si tu vois Abu, ce serait bien ! », mais mon parcours ne correspondait pas à celui de l'Equipe de Géorgie, et on en était resté là.
Ce vendredi 30 après être passés à Taihape, et avoir rencontré une fameuse première ligne, les papas : Jean Pierre GARRUET et Pascal ONDARDS, nous sommes partis en transhumance en direction de Wellington comme des moutons. C'est la route d'Auckland à Wellington.
En passant à Palmerston North, les affiches indiquaient le prochain match du 2 octobre au stadium : Argentine v Géorgie à 13 h.
C'était l'occasion de rencontrer Abu, mais comment ?
Après être passés au Musée du Rugby, nous sommes allés au centre ville; il était 14 heures quand je vis 4 argentins assis à la terrasse d'un café en pleine discussion. Je leur demandai l'adresse où logeait l'équipe géorgienne après les avoir félicités pour la victoire contre les « scotischs » (les journaux NZ titraient : ce sera l'Argentine).
« C'est à Travel Lodge Cuba St ». Embarquement, et direction du Stade rue Cuba. Deux minutes après nous étions à hôtel. L'hôtel est à côté du stade en fait.
Je demandai à rencontrer Captain Abuseridze à l'hôtesse. « Impossible sans rendez-vous ».
Apparût alors, un grand moustachu brun dans le hall ; je lui demandai en français si je pouvais rencontrer Abu. C'est alors que celui ci passa dans le couloir avec un autre joueur de l'équipe de Géorgie. Je me suis présenté ancien du RCA, ami du président JF et de Jean Yves. Abu m'a accordé gentiment quelques minutes après la rituelle photo souvenir.
Félicitations pour votre victoire contre la Roumanie de mardi !
Abu : « Pas facile, mais c'était l'objectif de l'équipe avant de venir à la coupe du monde de Rugby. Ca, c'est fait »
Et, l'Argentine dimanche ? Pouvez-vous contrarier les All Blacks ?
Abu : « On voudrait ne pas prendre la foudre. Les All Blacks sont les favoris de la coupe. Ils sont très en forme. Ce sera compliqué ...»
La surprise de cette coupe ?
« Les Irlandais. Le rugby commence devant, et ils avaient les gros ...»
Et pour la France, comment tu vois la suite ?
« Ils vont sortir de la poule en 2, et ils ont toutes leurs chances contre les Anglais. »
Commentaires (1)
1. Carlos Bartomeu 10/10/2011
Merci Daniel de nous avoir fait voyager aussi gentiment et talentueusement...Même si pour beaucoup d'entre nous ce ne fût qu'en rêve!!! maintenant, comme tu le dis si bien dans ta conclusion, il faudra que nos favoris ne rêvent pas jusqu'à samedi soir, mais ils ont fait preuve d'un tel désir collectif que nous pouvons leur faire confiance,car comme l'a dit un sud-américain célèbre: il vaut mieux mourrir debout que de subir a genoux!!! et pour le moment, nos coqs sont bien, debout Amitiés
Tonton.